Il faut d’abord s’engager dans une politique de monétisation de la dette, c'est-à-dire de rachat des dettes publiques des Etats européens par la BCE qui leur prêterait alors de l’argent à 0% (et non à des taux élevés – notamment pour les Etats fragiles – comme actuellement sur les marchés). Immédiatement, le poids des intérêts des dettes diminuerait. Une grande réforme de la fiscalité sur les transactions financières, les banques, le capital et le patrimoine doit également être mise à l’ordre du jour. Il nous faut enfin reposer la question de l’utilité de la lutte absolue contre l’inflation conduite par la Banque Centrale Européenne. En réalité, le mur véritable est ce dogme installé dans la tête de nos dirigeants. Et si nous faisions autrement ? Que l’on se comprenne bien, il ne s’agit pas de laisser filer l’inflation sans rien contrôler. Olivier Blanchard, chef économiste au FMI, propose une souplesse supplémentaire et alternative, pour un laps de temps réduit : contenir l’inflation autour de 3 ou 4 % durant quelques années, 3 à 5 ans. Un taux d’inflation de 3% permettrait de réduire en 10 ans de 26% le poids de la dette. Tous les débiteurs y trouveraient leur compte : ménages, entreprises et Etats. Et les créanciers qui vivent de leurs rentes, comme les institutions financières, y laisseraient un peu de leur patrimoine. Car il faut dire très clairement : à qui profite l’absence d’inflation obtenue grâce à des taux d’intérêt élevés ? La réponse est simple : à ceux qui ont de l’argent et qui peuvent le jouer et le placer. Cette politique d’inflation mesurée n’est viable que si elle est complétée par l’indexation des salaires sur les gains de productivité, autre proposition .Cette politique nous éviterait de précipiter l’Europe dans l’immobilisation économique et l’appauvrissement que représenteraient 10 années insupportables à rembourser le fardeau financier de la crise (la dette publique française est aujourd’hui de 1500 milliards, dont 80% sont des intérêts, soient 1175 milliards).
Enjamber le mur de la dette, ce mur de l'argent et de la réalité contre lequel la gauche au pouvoir a tant de fois buté, c’est donc balayer les vieilles croyances qui ne mènent qu’à la dépression et mettre à l’usage des solutions nouvelles dont les conséquences ne sont pas de saigner les peuples, mais de répartir les efforts.
8 propositions
- Conclure un contrat national de désendettement du pays
- Accepter et tolérer un peu d'inflation, maîtrisée et contenue
- Monétiser la dette et émettre une véritable dette publique européenne
- Autoriser la Banque centrale européenne à financer directement les États
- Compenser les déséquilibres des paiements en Europe par une Banque Européenne des règlements
- Développer une fiscalité européenne sur les bénéfices des sociétés
- Mettre en place un gouvernement économique européen
- Investir conjointement dans l’économie de l’avenir
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