Ces 30 dernières années, nous avons failli. D’abord, faute de solutions, nous nous sommes résignés à accompagner les évolutions d’un capitalisme toujours plus puissant. Une génération politique entière à la tête des principaux Etats a renoncé à exercer son propre pouvoir, se persuadant que les banquiers et les investisseurs étaient les mieux placés pour gérer les risques financiers, comme si les contrebandiers, parce qu’ils passent souvent la frontière, étaient mieux à même de la contrôler !
La crise aurait pu nous pousser à changer la donne. Mais le marché est encore plus dérégulé qu’avant la crise. On refuse de réformer le système. Un sujet domine les autres, le trading à haute vitesse, c'est-à-dire la forme ultime de la spéculation. Les financiers veulent gagner de l’argent en un clic, sans le moindre contrôle. Demain, ce qui s’est passé à Lehmann Brothers peut se reproduire.
Il faut désormais agir pour transformer le système financier. Il est temps que la finance soit aussi sous contrôle pour ne plus jouer contre les peuples. L’enjeu du prochain socialisme est donc de s’extraire des vieilles recettes, comme l’incantation, qui est sans effet, ou comme la résignation, qui est sans conséquence, pour proposer des lois sécuritaires sur la finance.
Les principes sont clairs : gérer le risque et y accoler la responsabilité. Encadrer les pratiques et proscrire celles qui menacent directement les peuples. Mettre la finance au service de l’économie et de la société. Réguler ne consiste pas seulement à faire tomber le couperet de la sanction. Il ne s’agit pas de tailler brutalement dans les profits des investisseurs, mais d’aiguillonner ceux-ci sur la voie de pratiques utiles et plus responsables, car la finance est nécessaire et il serait inconséquent de diaboliser les financiers dans leur ensemble. Nous pouvons refermer une parenthèse dérégulatrice trop longue de vingt années.
L’ensemble des ces propositions heurtera les sceptiques qui invoqueront l’impossibilité d’agir dans un seul pays, le cadre national trop étroit pour soumettre la finance aux intérêts généraux de l’économie. On tentera de nous gouverner par la peur, en agitant le spectre de la désertion des capitaux. Mais une zone économique mieux régulée ne fait pas fuir les investisseurs. Tout au contraire, la sécurité des placements les rend attractifs. La rentabilité des placements tient aussi de la qualité et de la clarté des règles en vigueur. Oui, la France peut prendre l'initiative et faire converger les Etats qui partagent les mêmes valeurs autour d'une autre vision de la régulation de la finance.
- Séparer les métiers bancaires
- Mettre en place de nouveaux mécanismes de garantie
- Instaurer des bonus négatifs dans le trading
- Augmenter le coût de la prise de risque spéculative
- Démanteler les paradis fiscaux
- Créer de nouveaux mécanismes de surveillance des banques
- Encadrer la titrisation et assurer sa traçabilité
- Interdire tout ou partie des ventes à découvert
- Fusionner les places boursières européennes
- Taxer les transactions financières de manière modulée
- Fonder une véritable autorité des marchés à l’échelle européenne
- Amener toutes les opérations dans le bilan des entreprises
- Faire relever l’évasion fiscale de la procédure pénale
- Réformer les agences de notation
- Enregistrer obligatoirement les hedge funds
- Soutenir et développer la finance solidaire
Crédit image : http://www.flickr.com/photos/beatrycze/4909745355/
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